Vos gouvernements sont hautement comiques !
A part celui de Vartan, qui tient très bien la route, au moins pour sa partie société civile.
Il faudrait m'expliquer, toutefois.
On reproche aux hommes politiques de mettre toujours les mêmes, de faire les chaises musicales, on a traité Raffarin/Villepin de tous les noms (à bon droit, d'ailleurs) parce qu'en fait de changer, ils inversaient les postes de leurs copains.
Et lorsque vous avez les pleins pouvoirs, que faites-vous ? Vous placez les mêmes aux postes-clefs ! Et après, comment pouvez-vous espérer faire avancer les choses, avec ces gestionnaires poussifs, ces gratte-papiers poussiéreux, professionnels de la (mauvaise) parlote et de la frilosité ?
Un gouvernement ne se constitue pas avec des noms tirés d'un chapeau. Il faut d'abord une connaissance du fonctionnement admninistratif, une analyse de la situation, et pour finir un projet avec des mesures précises à prendre.
Il faut ensuite une équipe, qui se connaisse bien et accepte de travailler ensemble, de partager les mêmes méthodes, les mêmes engagements.
Pour qu'il fonctionne, il faut certes de bonnes volontés individuelles (et ceux que vous citez ont, pour beaucoup, plus d'ambition personnelle que de bonne volonté individuelle) mais aussi et surtout un projet commun.
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Exemples.
Lang à la culture n'augmentera pas mécaniquement les subventions.
Tout dépend du budget alloué au ministre. Lang est le Roi des Rois pour gaspiller, mais pour cela, il faut que les vannes soient ouvertes.
Et Mettre DSK aux finances ne résoudra pas
mécaniquement le chômage.
Pour réduire le chômage, il faudrait par exemple :
=> une planification incitative des études, avec recalibrage de la distribution des bourses selon les secteurs où l'on manque de personnel. Si les études de songe-creux façon psycho n'étaient plus du tout financées par l'Etat, mais qu'on payait quasiment intégralement les formations de médecine, on résoudrait les problèmes de personnel des hôpitaux, sans doute !
Le souci actuel étant que nous avons des gens non calibrés pour des postes à pourvoir qui, eux, existent. Il y a des boulevards dans les domaines de la plomberie, de l'électricité, du bâtiment. Seulement personne ne veut y aller.
Oui, ma proposition entraîne que les riches peuvent faire ce qu'ils veulent et que les pauvres doivent choisir une autre filière. Sauf que si l'effort est regroupé sur des filières précises, on peut sans doute parvenir à financer intégralement des parcours, ce qui évite à certains de renoncer purement et simplement comme c'est le cas aujourd'hui ;
=> une fluidification du marché du travail. Sans doute par la formation continue en grande partie.
On parle beaucoup du modèle à la danoise, où l'on est quasiment au plein emploi.
Le principe ? D'abord plus de concertation syndicats/patronat, les décisions sont généralement prises de concert.
Ensuite, le salarié accepte de pouvoir être limogé sans garantie avec un minuscule préavis (le CPE, c'est vraiment de la gnognote !), mais dispose de deux ans de chômage à rémunération très conséquente pour trouver un emploi ensuite. Cela suppose bien évidemment des impôts très hauts.
Sommes-nous prêts à accepter ce système ? Je ne le pense pas, puisque le CDI est devenu un
credo.
L'équation est la suivante, il y a deux types de systèmes.
====> On protège l'emploi possédé. L'employé est garanti contre le licenciement, mais si celui-ci advient pour raisons économiques, il a peu de chances de retrouver aisément un emploi. (modélisation française)
====> On déprotège l'emploi possédé. L'employé n'a aucune garantie de conserver son emploi, mais il n'a guère de mal à en retrouver un, dans ce secteur ou un autre. (modélisation danoise, anglaise, etc.)
La première solution fonctionne à merveille si l'économie est florissante, comme pendant les Trente Glorieuses qu'on veut feindre de n'avoir jamais quittées. L'emploi est protégé, pas de raisons de licencier, stabilité du salarié.
Lorsque la conjoncture est difficile, en revanche, tout devient moins simple, car les licenciements arrivent inévitablement.
Le problème du modèle danois (petites distances, donc plus facile en cas de changement de lieu, tout de même : on peut conserver son logement) est sur le confort de vie : déménager sans cesse, à tout moment, peut être assez pénible, même si on est couvert par l'Etat - ou, du moins, changer à tout moment de travail.
Ce sont deux visions des choses, il ne s'agit pas de les hiérarchiser, tout cela est largement culturel.
Mais il faut bien voir, je pense, qu'on ne peut pas défendre, comme on feint de le croire en ce moment, ET la sécurité de l'emploi ET la facilité à en retrouver un, du moins tant que les étudiants ne seront pas mieux répartis entre les différents CAP, BTS, filières universitaires, etc.
Si les emplois sont "figés", forcément à l'extérieur du système on peine à rentrer. Inversement, si on peut facilement entrer, cela suppose que les autres peuvent aisément en sortir...
Ce sont des choix difficiles à faire, mais il faut les faire entièrement. Le CPE, mesurette qui ne méritait pas la gomme pour l'effacer, voulait engager la France petit à petit sur la voie danoise. Cela a été refusé, pour de mauvaises raisons ("on veut le beurre et l'argent du beurre") et pas par choix d'un modèle sur l'autre, mais cela a été refusé.
Bref, avant de placer les mêmes petits fonctionnaires étriqués en poste, mieux vaudrait développer un projet précis, non ?